Ah ! Hampstead, ses petites ruelles charmantes, sa verdure bucolique et, surtout, son pub le plus théâtral : The Spaniards Inn. Oui, celui qui ressemble à une auberge de conte gothique et qui, depuis 1585, continue de raconter ses histoires entre deux pintes bien tirées.

Des Espagnols, une querelle et un cadavre dans le jardin
Pourquoi Spaniards ? Deux versions s’affrontent un peu comme deux frères espagnols, Juan et Francesco Porero, qui, selon la légende, se sont disputés une femme. Résultat : Juan a fini six pieds sous terre, dans le jardin même du pub. Ambiance.
La version plus sage raconte qu’un ambassadeur espagnol s’y serait réfugié pour échapper à la peste de Londres. Plus chic, certes, mais nettement moins croustillant pour la conversation autour d’une bière.
On raconte aussi que le célèbre brigand Dick Turpin serait né ici, fils du tenancier. Certains jurent encore entendre son cheval, Black Bess, trottiner dans la nuit. Alors, la prochaine fois que vous sortez fumer une clope derrière l’auberge, ouvrez l’œil : ce n’est peut-être pas le vent que vous entendez.

L’arme fatale contre les émeutiers : l’alcool
1780 – Les Gordon Riots menacent la demeure de Lord Mansfield à Kenwood House, juste à côté. Les émeutiers passent par le Spaniards Inn.
Que fait le patron ? Il sort l’arme ultime : il leur offre à boire. Résultat : foule pompette, émeute annulée. On devrait peut-être ajouter ça dans les manuels de maintien de l’ordre.
Quand les artistes s’en mêlent
Le Spaniards n’a pas seulement abreuvé des brigands : il a inspiré des génies.

- Keats y aurait griffonné Ode to a Nightingale en sirotant un verre dans le jardin.
- Byron y passa, évidemment (il passait partout où il y avait de l’alcool).
- Charles Dickens le cite dans The Pickwick Papers.
- Et Bram Stoker, papa de Dracula, y a puisé quelques frissons. On comprend pourquoi.
Même Constable en fit une peinture. Comme quoi, entre deux pintes, on peut aussi faire carrière.

Et dans l’assiette, alors ?
Parce qu’on ne vit pas que d’histoires de brigands et de pintes mousseuses, parlons un peu de ce qui arrive sur la table. Ici, c’est le grand classique du pub britannique revisité avec soin : fish and chips croustillants, pies généreuses qui tiennent au corps (mention spéciale à la steak & ale pie, parfaite après une balade sur Hampstead Heath), burgers costauds pour les plus affamés.




Le Sunday Roast pour deux : un duo gagnant
Si vous cherchez un prétexte pour vous réfugier au Spaniards un dimanche, ne cherchez pas plus loin : leur Sunday roast pour deux est une institution.
Imaginez une planche généreuse où trônent des tranches de bœuf rosé ou d’agneau fondant, escortées de pommes de terre rôties croustillantes, de légumes de saison parfaitement caramélisés, et bien sûr l’indispensable Yorkshire pudding, doré et gonflé comme un ballon d’orgueil britannique. Tout ça nappé d’une gravy riche et parfumée, servie sans parcimonie.

Le meilleur ? C’est à partager. Enfin en théorie. Parce qu’une fois l’assiette devant vous, la tentation de garder la dernière roast potatoe ou le plus gros bout de Yorkshire pour soi devient un sport de couple. Mais avouez : c’est le genre de bataille dont on sort heureux et repus.
Côté desserts, les becs sucrés fondront pour un sticky toffee pudding ou un crumble aux fruits de saison.


Moralité : si un pub peut survivre à des duels, des brigands, des émeutiers et des poètes en mal d’inspiration, c’est bien qu’il a trouvé la meilleure recette : une bonne pinte, beaucoup de légendes, et une pincée de fantômes.
2 Comments
Je ne connais pas cet endroit mais ça donne envie d’aller y faire un tour !
Entre histoires et plat apetissant, c’est un combo parfait 😉
Merci Damien