« La Cuisine Anglaise est une cuisine gothique. Elle doit se déguster dans des pièces style Tudor ou élisabéthain et être servie par de jeunes campagnards aux joues roses, d’aimables dames ou de sévères maîtres d’hôtel. »
La cuisine anglaise est une cuisine riche et influencée par les pays colonisés. De nos jours, vous pouvez déguster des cuisines du monde entier surtout à Londres – chinoise, indienne, italienne, française, américaine, espagnole, thaïlandaise…, reflétant la diversité ethnique de la Grande-Bretagne. Certains prétendraient même que le Curry est un plat britannique traditionnel. J’aime l’originalité des recettes britanniques, leur créativité, leur simplicité, leurs noms farfelus, sans oublier leurs puddings.
Pourquoi la cuisine Britannique a-t-elle mauvaise réputation ?
Pour certains experts, cette mauvaise réputation serait de la faute aux politiques de rationnements avant et après la seconde guerre mondiale, étalées jusqu’au milieu des années 50. La malbouffe était omniprésente, entre friandises industrielles, snacks salés et produits ultra-transformés.
Ainsi toute une génération de britanniques s’est habituée aux œufs en poudre, aux conserves les plus basiques, au lait concentré, aux plats préparés en barquette.
Pour l’historien Colin Spencer, le déclin de la cuisine anglaise daterait plutôt fin 19e sous le règne de la reine Victoria dans une société puritaine. Il y eut un rejet des grands repas et des plaisirs de la table. La nourriture ne devait pas être un plaisir.
Plusieurs bouleversements notables dans le monde de l’alimentation, à savoir la fièvre aphteuse, le scandale de la viande chevaline et une profonde récession monétaire au début du 21ème siècle ont créé un changement et un retour à la cuisine traditionnelles, en utilisant autant que possible les produits saisonniers et produits locaux.
Histoire de la cuisine anglaise
L’histoire de la Grande-Bretagne a joué un grand rôle dans ses traditions, sa culture et sa gastronomie. C’est dans le comté du Kent, le jardin de l’Angleterre, que les premières semences de la cuisine anglaise ont été jetées.
Les Romains, par exemple, ont apporté des cerises, des orties, des choux et des pois, ainsi que l’amélioration des cultures telles que le maïs. Et, ils ont apporté du vin. Les Romains étaient des constructeurs de routes prolifiques, ces routes permettant pour la première fois le transport facile des produits à travers le pays.
Les Saxons ou Anglo-Saxons étaient d’excellents agriculteurs. Ils cultivaient les pommiers à cidre et une grande variété d’herbes. Les herbes n’étaient pas utilisées uniquement pour la saveur comme elles le sont aujourd’hui, mais étaient utilisés en vrac pour garnir les ragoûts. Ils savaient brasser la bière, cuire au four, connaissaient les techniques de la fabrication du beurre et du fromage. Ils élevaient des abeilles pour obtenir du miel et avec les rayons du miel, les Saxons fabriquaient la boisson douce, fermentée et aromatisée : l’hydromel (mead).
Les Saxons ont créé le haggis, de nos jours spécialité écossaise, mais déjà connu en Angleterre bien avant qu’il n’atteigne l’Écosse. Lorsque les Saxons abattaient un mouton, ils utilisaient sa peau pour en faire des vêtements et ils mangeaient le reste. Les abats étaient bouillis, hachés et mélangés à une poignée d’avoine et d’orge et quelques herbes séchées. La panse de mouton, coriace et élastique, résistait à toute tentative de cuisson. En somme, le haggis n’est qu’une saucisse qui peut se conserver plusieurs jours. Ils ont établi les bases d’une cuisine anglaise nourrissante et convenant à des gens qui travaillent la terre : viande, pain, fromage, puddings et pâtés.
Les Vikings et les Danois ont apporté les techniques de fumage et de séchage du poisson. Aujourd’hui encore, les côtes nord-est de l’Angleterre et de l’Écosse sont les endroits où trouver les meilleurs kippers et Arbroath Smokies.
Les Normands ont envahi le pays, mais aussi bousculé les habitudes alimentaires. En 1066, Guillaume le Conquérant ou Guillaume le Bâtard, débarqua dans la baie de Pevensey, dans le Sussex. Les Normands avaient de bons cuisiniers qui préparaient des mets délicats comme les tripes aux oignons et de divines pâtisseries. Leur pain de froment, le guastel, était bien meilleur que celui des Saxons. La viande était servie sur des tranchouoirs. Les Normands avaient du sel et du poivre à leur table et agrémentaient leurs plats de gingembre, clous de girofle, noix de muscade et cannelle. Ils ont encouragé la consommation de vin et ont donné des mots pour les aliments courants comme le mouton et le bœuf. Au 12ᵉ siècle, les croisés furent les premiers Britanniques à goûter à des oranges et des citrons à Jaffa. Sous l’influence des Normands, la cuisine simple anglaise s’enrichit.
La Grande-Bretagne a toujours été une grande nation commerçante. Le safran a été introduit pour la première fois en Cornouailles par les Phéniciens lorsqu’ils sont venus pour la première fois en Grande-Bretagne pour échanger de l’étain. Issu des stigmates séchés et réduits en poudre du crocus au safran, le safran est encore utilisé aujourd’hui dans la cuisine britannique. L’importation d’aliments et d’épices de l’étranger a grandement influencé le régime alimentaire britannique. Au Moyen Âge, les gens aisés pouvaient cuisiner avec des épices et des fruits secs venus d’aussi loin que l’Asie.
Les envahisseurs Anglo-Saxons et Normands, ainsi que leurs descendants, n’établirent qu’une loi nominale sur les Celtes – Écossais, Gallois et Cornouaillais –. Les Celtes n’adoptèrent qu’un petit nombre de plats anglais, préférant en créer de nouveaux.
À l’époque Tudor, de nouveaux types d’aliments ont commencé à arriver en raison de l’augmentation du commerce et de la découverte de nouvelles terres. Des épices d’Extrême-Orient, du sucre des Caraïbes, du café et du cacao d’Amérique du Sud et du thé d’Inde. Les pommes de terre d’Amérique ont commencé à être largement cultivées.
Les gâteaux Eccles ont évolué depuis l’époque puritaine où les gâteaux et les biscuits riches étaient interdits. Les dindes étaient élevées presque exclusivement à Norfolk jusqu’au 20e siècle. Au 17ème siècle, les dindes étaient chassées de Norfolk vers les marchés de Londres en grands troupeaux de 500 volailles ou plus. Leurs pieds étaient parfois bandés pour les protéger. A leur arrivée à Londres, ils devaient être engraissés pendant plusieurs jours avant le marché.
La croissance de l’Empire a apporté de nouveaux goûts et saveurs comme le Kedgeree, une version du plat indien Khichri ramené par des membres de la Compagnie des Indes orientales. C’est un plat traditionnel de la table du petit-déjeuner britannique depuis les 18e et 19e siècles.
Alors, qu’est-ce que la cuisine britannique ?
Roast Beef, Apple tart, Scotch Eggs ou Yorkshire Pudding, Steak& Kidney Pie, Trifle… ce sont les plats que tout le monde associe à la Grande-Bretagne. Mais comme le pays change, évolue constamment, la cuisine britannique l’est aussi, et bien qu’aujourd’hui ces plats soient traditionnellement britanniques, à l’avenir d’autres plats les rejoindront.
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