À chaque séjour à Londres, nous passions devant la brasserie Fuller’s sans jamais avoir franchi ses portes. Il était grand temps de remédier à cela. Avant de partir pour de nouvelles aventures gourmandes, je vous convie à une petite visite virtuelle.
Histoire de la brasserie Fuller’s
La tradition brassicole de cette région remonte à plus de 350 ans, à l’époque d’Oliver Cromwell. À cette époque, les Londoniens évitaient de boire de l’eau, souvent considérée comme impropre à la consommation.
La bière était ainsi devenue la boisson de prédilection au quotidien. Il était courant que les grandes demeures brassent leur propre bière. À la fin des années 1600, une de ces brasseries était située dans les jardins de la maison Bedford sur Chiswick Mall. Une autre, bien plus modeste, était en activité à proximité, dans le cottage de Thomas Urlin.
À la mort d’Urlin, la propriété passa à sa veuve et à son beau-fils, un gentleman nommé Thomas Mawson, qui prit les rênes. C’est lui qui jeta les bases d’une entreprise brassicole importante en achetant le pub The George et deux cottages adjacents pour 70 livres, puis plus tard en acquérant également la brasserie de Bedford House.
Les propriétaires suivants de la brasserie furent John Thompson et David Roberts, dont le partenariat de six ans fut perturbé par une série de différends légaux. Les deux hommes se séparèrent en 1786, Roberts rejoignant la Maison Royale et Thompson continuant seul.
Finalement, la brasserie passa aux fils de Thompson, Douglas et Henry. Sous leur direction en 1816, la brasserie adopta pour la première fois le nom et l’emblème du Griffin. Le Griffin avait auparavant été le symbole de la brasserie Meux and Reid dans la rue ironiquement nommée Liquorpond Street, mais lorsque cette entreprise fit faillite, les frères Thompson s’empressèrent de s’approprier le nom.
L’adoption du Griffin (griffon) est une décision qui a résisté à l’épreuve du temps, mais d’autres prises de décision par les frères ont été moins fructueuses. Des transactions douteuses concernant des hypothèques ont conduit les frères et la brasserie au bord de la ruine. Ils avaient besoin d’investissements, rapidement.
Fuller, Smith et Turner
Les frères Thompson invitèrent Philip Wood, frère du maire de Londres, dans le partenariat, mais Wood savait que son argent seul ne suffirait pas à sauver la brasserie. Il se tourna vers John Fuller pour obtenir de l’aide.
Fuller, un riche gentleman, saisit l’opportunité et investit principalement au nom de son fils. Il racheta bientôt les actions de l’un des Thompsons et, en quelques années, devint actionnaire majoritaire de la brasserie.
En 1839, il décéda et transmit le contrôle à son fils, John Bird Fuller. Ce dernier prit rapidement les rênes et en 1845, il avait rompu les liens avec les Thompsons pour diriger seul.
Cependant, il rechercha des investissements et de l’expertise auprès de tiers, invitant John Smith, déjà impliqué dans une brasserie prospère, à rejoindre l’entreprise. Smith investit au nom de son fils, Henry Smith, et de son gendre, John Turner.
Établir la norme
Une série de bières acclamées sortirent de la brasserie. Chiswick Bitter apparut en 1930. Dans les années 1950, London Pride devint la figure de proue. En 1971, l’ESB fut lancée. En 1997, la première Vintage Ale fut introduite, utilisant les meilleurs ingrédients disponibles, une philosophie qui perdure encore aujourd’hui.
London Pride, un nom de fleurs
Dès son lancement, la London Pride a rencontré un vif succès auprès des Londoniens et des touristes.
Sa recette bien équilibrée, combinant des malts riches, des houblons aromatiques et une levure unique, lui a valu une réputation de bière de qualité, pleine de caractère et de tradition.
La London Pride tire son nom d’une fleur commune du XIXe siècle. Cette fleur a germé dans les zones dévastées par les bombardements du Blitz de Londres au début des années 1940, symbolisant ainsi l’esprit de résilience des Londoniens. Elle a été célébrée dans « London Pride », une chanson patriotique écrite en 1941.
La fabrication de la bière
Cette bière londonienne est connue pour son équilibre entre le malt et le houblon, donnant naissance à un arôme bien arrondi.
Au Royaume-Uni, elle est brassée à 4,1 % ABV (tonnelets et fûts), tandis que dans les bouteilles et les canettes, elle a un dosage de 4,7 % ABV. Au niveau international, une version de keg est souvent disponible à 4,7 % ABV.
Différence casks and kegs
Vous l’avez peut-être remarqué, mais dans certains pubs, vous avez le choix entre de la bière servie en fût (cask) ou en tonnelet (keg). La principale différence entre la bière servie en fût et celle servie en tonnelet réside dans le processus de conditionnement, de stockage et de distribution, ce qui influence également le goût et la texture de la bière.
Bière en fût (cask) | Bière non filtrée, non pasteurisée et fermentée naturellement
La bière en fût est conditionnée et fermentée dans un conteneur appelé fût en acier inoxydable. Elle subit une fermentation naturelle dans le fût où les levures résiduelles continuent à travailler, ce qui peut ajouter des nuances de saveur et de caractère à la bière.
Elle est souvent servie sans gaz ajouté, ce qui lui confère une texture plus douce et moins pétillante que la bière en tonnelet. Elle est plus traditionnelle et associée à des styles de bière plus artisanaux et authentiques.
Bière en tonnelet (keg) | Bière pasteurisée, filtrée et stockée sous pression avec du gaz carbonique ajouté
La bière en tonnelet est conditionnée et stockée dans un tonnelet sous pression, où le gaz carbonique est ajouté pour maintenir la carbonatation de la bière. Elle est pasteurisée et filtrée pour une stabilité prolongée, ce qui peut affecter légèrement le goût et la texture de la bière.
La bière est plus carbonatée et aérée, offrant une sensation plus pétillante en bouche. Elle est couramment utilisée dans les brasseries commerciales, associée à des styles de bière plus standardisés et largement distribués.
Les ingrédients
Eau, houblon, orge et levure (water, hops, barley and yeast)
La London Pride est brassée à partir d’une combinaison de malts, principalement du malt d’orge, qui donne à la bière sa couleur et sa saveur caractéristiques. Les houblons sont également sélectionnés avec soin pour apporter l’amertume équilibrée et les arômes floraux typiques de ce style de bière. Tout d’abords, le malt est concassé puis mélangé avec de l’eau chaude pour extraire les sucres nécessaires à la fermentation. Cette étape permet de créer un moût sucré qui servira de base à la bière.
Brassage
Le moût est ensuite chauffé et brassé, ce qui permet d’extraire davantage de sucres et de saveurs des grains de malt. Pendant cette étape, les houblons sont ajoutés à différents moments pour apporter l’amertume, les arômes et les saveurs caractéristiques de la London Pride.
Filtration
Une fois le brassage terminé, le moût est filtré pour éliminer les résidus de grains de malt et obtenir un liquide clair et limpide, prêt à être fermenté.
Fermentation
Le moût est refroidi et transféré dans des cuves de fermentation, où les levures sont ajoutées. Les levures consomment les sucres du moût et produisent de l’alcool et du dioxyde de carbone, transformant ainsi le moût en bière.
Maturation
Une fois la fermentation terminée, la bière est transférée dans des cuves de maturation où elle repose pendant plusieurs semaines. Durant cette période, les saveurs se développent et la bière acquièrent son caractère final.
Carbonatation et embouteillage
Avant l’embouteillage, la bière est carbonatée en ajoutant du sucre ou du dioxyde de carbone pour lui donner son effervescence caractéristique. Elle est ensuite mise en bouteille, prête à être dégustée.
La gamme des bières Fuller’s
Ma préférée est la London Golden Pride 😁
☎️ +44 (0) 208 996 2662
Visite guidée (25 £) de deux heures, avec une remise de 10 % en boutique.
La visite est exclusivement destinée aux personnes âgées de 18 ans et plus.